ĐÈO VĂN LONG

Et autres Seigneurs de Laichau

LE GUIDE DU ROUTARD

juin28

 

 

Đèo Văn Long : au confluent des rivières Đà, Nâm et Lai. Pour s’y rendre de l’hôtel de la Poste, traverser le pont et prendre à droite. Marcher pendant un bon kilomètre avant de rejoindre un carrefour au milieu d’un village viet. Prendre à Droite la route qui descend. Elle s’infléchit sur la gauche après quelques dizaines de mètres, puis se transforme en chemin de terre. Continuer tout droit au carrefour suivant jusqu’aux berges du fleuve Noir, où les bateaux viennent décharger leurs marchandises. Demander au passeur de vous transporter de l’autre côté de la rivière (5000 Dg). Le village thaï de Bân Nâm Na est à 2 mn. C’est dans ce village que résidait le dernier roi thaï blanc.

 

 

VU SUR CULTURALPROFILES.NET

juin26

Le texte ci-dessous est une traduction littérale d’un article publié sur le site de culturalprofiles.net

Les efforts coloniaux français de contrôler les montagnes du Nord-Ouest du Vietnam demeuraient contrariés jusqu’en 1890, quand ils ont finalement capturé[1] Đèo Văn Tri, seigneur Thaï Blanc du Muong Lay, qui a été désigné Gouverneur de Laichau et Chef suprême de Dien Bien Phu et Tuan Giao par la pragmatique Cour Nguyen à Hué. Comme ailleurs dans le Nord, les Français ont rapidement agi pour greffer leur système administratif colonial sur celui déjà établi par le Cour Nguyen ; s’assurant de la future coopération de Đèo Văn Tri, non seulement par la restauration de sa domination de Muong Lay, mais aussi en lui accordant le poste héréditaire de chef suprême des Thaïs.

 

Quelques années plus tard, les travaux ont commencé pour construire le siège du gouvernement colonial de la nouvelle province de Laichâu à Đợi Cao ( «High Hill»), dans Laichau elle-même. La ville est aussi devenue une importante base militaire, un développement confirmé en 1905 quand elle a été formellement établie comme l’un des quatre territoires militaires nord vietnamiens (les autres étant Mong Cai, Cao Bang et Ha Giang, dans le nord-est). Une piste d’atterrissage a été construite à côté de la rivière Na.

 

Après sa mort en 1915[2], Tri a été succédé par son plus vieux fils, Đèo Văn Khang et plus tard par le plus célèbre membre de la famille Deo, son troisième fils Đèo Văn Long (né en 1890[3]). De la prise de fonction en 1940 en tant que gouverneur de Laichau et chef suprême de Điện Biên Phu et Tuan Giao, Long a également été chargé par le gouvernement français de l’entier commandement de la seigneurie de Muong Te de son jeune frère Đèo Văn Mun, de la seigneurie de Phong To Black de son cousin Đèo Van An et de la seigneurie de Son La son rival Thaï Bạc Cam Quy. En 1943 Long a même réussi à obtenir la nomination de son neveu Đèo Phu Văn comme gouverneur de Bac Can dans le Nord-Est, faisant de lui une force avec laquelle il faut compter dans le pouvoir politique de l’Indochine française.

 

Comme les politiques d’oppression des Japonais soutenus par le gouvernement de Vichy ont commencé à se faire sentir après 1940, la guerre de résistance Việt Minh a été mise en route à partir de sa base dans le Viet Bac[4]. Quand des membres de l’administration française ont tardivement tenté de resister aux Japonais en mars 1945, le Việt Minh en a profité pour prendre le contrôle de Tuyen Quang, Hà Giang, Cao Bang, Bac Can et Lang Son dans le nord-est et de plusieurs régions dans le nord-ouest, y compris Sơn La, Nghia Lo et Lai Châu. Cependant, Đèo Văn Long était déjà parti la France avant l’arrivée du Việt Minh à Laichâu, où il est resté pendant plus d’un an, participant à la conférence de Fontainebleau en Juillet 1946.

 

Il retourna à Laichau, dans le sillage de la réimplantation par les troupes françaises au cours de l’année. Secoué par les événements de 1945-6 et désespérée de rétablir son autorité éclatée dans l’extrême nord, la France a recherché de nouveaux moyens de garantir la fidélité des principaux dirigeants des minorités ethniques. Ils ont finalement décidé de proposer aux principaux groupes ethniques un gouvernement autonome, jusqu’ici à un degré sans précédent, par la mise en place d’un certain nombre de régions autonomes à travers le Grand Nord.

 

A Laichau, Đèo Văn Long se voit accordé le titre de roi[5] de la « Zone Autonome Thaï ». Le roi Đèo Văn Long est rappelé avec détestation par les plus anciens habitants de la région de Laichau, pour tous, il était un tyran qui exerce l’autorité absolue, frappant  les cœurs de la population locale de la peur et ayant à l’occasion convoqué les pêcheurs à son bureau Đợi Cao et les avoir exécutés sur place.

 

Les ruines de la résidence de Đèo Văn long se trouvent sur la rive opposée de la rivière de Đà Đợi Cao, à côté de la route Muong Te. Au cours des derniers jours de la domination française, comme la situation sécuritaire a commencé à se détériorer dans le nord-ouest, la présence militaire française à Laichau a sensiblement augmenté, et beaucoup des plus anciens habitants de la ville se rappellent le grand nombre de Marocains, Algériens et Tunisiens, qui ont été affectés ici entre 1946 et 1953.*

 

Les Français ont été finalement forcés d’abandonner Laichau durant l’hiver 1953, à la veille de la bataille capitale de Dien Bien Phu ; déserté par ses maîtres coloniaux, le discrédité Đèo Văn long et sa famille, a fui en premier lieu au Laos et en Thaïlande, où il est soupçonné d’avoir émigré en France et de mourir au début des 1970[6].

 

http://www.culturalprofiles.net/Visiting%5FArts/Directories/Overview/-48.html


 

[1] Đèo Văn Tri n’a jamais été capturé par les Français ; une telle stratégie aurait été en outre contraire aux pratiques d’Auguste Pavie.

[2] Erreur de date ? Toutes les autres sources connues datent le décès de Đèo Văn Tri en 1908.

[3] Erreur certaine, puisque les papiers officiels indiquent qu’il est né le 15 mars 1887.

[4] Région au Nord d’Hanoï.

[5] Approximation, en vérité Président de la Fédération Thaïe.

[6] L’article ne manque pas de sévérité, ce qui est le cas de beaucoup d’articles anglo-saxons. L’article sur Đèo Văn Long sur Wikipedia anglais le caractérise par opposition au sort des Meos qu’il aurait exploités et opprimés. La "fuite" au Laos puis en Thaïlande n’est pas démontrée puisque Đèo Văn Long était à Hanoï lors de la bataille de Dien Bien Phu. Le "soupçon" de son émigration en France n’en est pas un, puisque Đèo Văn Long n’a pas cherché à dissimuler son point de chute.