ĐÈO VĂN LONG

Et autres Seigneurs de Laichau

OPIUM AU PAYS THAÏ : DENOUEMENT A DIEN BIEN PHU

juin28

Le texte ci-dessous est une traduction littérale d’un article publié sur le site internet dont l’adresse figure en bas de page.

 

A l’exception du Laos, la plus grande région de production en Indochine a été la zone adjacente du Nord-Ouest du Tonkin (aujourd’hui Nord Vietnam) connue sous le nom de Pays Thaï. La géographie ethnique de la région est plutôt similaire à celle des Etat Shan de Burma ; les hautes vallées sont habitées par des cultivateurs de riz humide à des altitudes normalement inappropriées à la culture du pavot. Mais sur la fraîcheur des montagnes où vit la tribu Meo (connue aussi sous le nom de la tribu H’mong) sur les hauts plateaux, les brûlis agricoles sont idéaux pour la culture du pavot.

 

Les Meo du Nord-Ouest du Tonkin n’ayant pas de grands centres de population ou des dirigeants politiques puissants comme Lo Bliayao et Ly Foung, les efforts français pour organiser des milices locales ou administrer la vie civile dans les années 1930 ont constamment échoué. En revanche, les Français ont constaté qu’il est facile de travailler avec les populations des vallées, les Thaïs blancs et les Thaïs noirs.

 

En conséquence, dans la planification de leur stratégie pour l’expansion de la production de l’opium d’un Nord-Ouest du Tonkin en 1940, les administrateurs français ont décidé de ne pas travailler directement avec les Meo comme ils l’avaient fait au Laos. Au lieu de cela, ils se sont alliés avec les puissants chefs de Tai féodaux qui contrôlaient le marché des centres de basses terres et la plupart de la région du commerce. Pour rendre les Chefs Thaïs plus efficaces dans le marché de l’opium, les Français ont suspendu leurs 40 années de centralisation et d’annamisation du Pays Thaï avec des bureaucrates vietnamiens.

 

En effet, bien que les Français avait confirmé l’autorité de Deo Van Tri, le chef des Thaïs blancs de Laichau, quand ils avaient initialement pacifié le Pays Thaï dans les années 1890, ils avaient progressivement diminué l’autorité de son successeur jusqu’à ce qu’il ne soit qu’un petit peu plus qu’un mineur chef de district. Des leaders potentiellement puissants comme le second fils de Deo Van Tri, Deo Van Long, ont été envoyés à l’école d’Hanoï et affectés à des positions mineures dans le delta du Tonkin. Cependant, en 1940, les Français ont renversé leur politique dans le but d’utiliser les leaders Thaï comme commerçant d’opium. Deo Van Long retourna vers Laichau comme administrateur territorial. En échange de son soutien à la politique française, Deo Van Long et les autres leaders Thaïs ont négocié avec leurs voisins des montagnes Meo pour l’achat d’opium et envoyèrent la récolte de l’opium, dont ils avaient le monopole, à Saigon pour le raffinage et la vente. Après 1940, ces chefs féodaux ont forcé les fermiers Meo à accroître leur récolte d’opium ; à la fin de la guerre il y avait 4,5 à 5 tonnes d’opium disponible pour l’expédition vers Saigon.

 

Cette utilisation des leaders Thaïs dans le trafic d’opium a été l’une des décisions administratives les plus importantes qu’ont faites les Français au cours de la totalité de leur domination coloniale. En effet, en 1954, les Français ont décidé de risquer l’issue de la première guerre d’Indochine sur une unique bataille décisive, dans une cuvette éloignée au nord-ouest du Tonkin appelée Dien Bien Phu. Les commandants Français, obstinés de protéger leur opérations en cours dans le Pays Thaï et de bloquer l’offensive Viet Minh au Laos, ont estimé qu’il serait impossible pour le Viet Minh d’apporter et de mettre en place de l’artillerie sur les crêtes surplombant la nouvelle forteresse. Ils ont prévu un piège pour le Viet Ming, qui aurait été détruit dans la vallée ouverte par l’aviation française et le feu d’artillerie. Mais le commandement des crêtes des montages où vivent les Meo avait été trompé et sous payés pendant près de quinze ans par les Seigneurs féodaux Thaï, qui ont été convaincue d’étroites collaboration avec les Français.

 

Des milliers de ces Meo ont servi de porteurs pour le Viet Minh  et ont patiemment inspecté les crêtes, qu’ils connaissaient si bien, pour trouver les emplacements idéaux pour les armes à feu. Les batteries Viet Minh idéalement placées ont détruit les fortifications françaises de Dien Bien Phu et l’empire colonial avec elles. Le siècle de l’implication officielle de la France dans le trafic d’opium prit fin. [1]


[1] http://muse.jhu.edu/journals/journal_of_world_history/v010/10.2mcleod.html

 

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PAYS THAÏ

juin28

« Soudain la route s’effondre de deux mille mètres sur un nœud de canyons. C’est comme si une étoile à trois branches avaient été creusées dans la terre - trois énormes tranchées, trois gouffres se rejoignent. C’est fantastique. Au fond de ces abîmes, des rivières confluent : la Rivière Noire reçoit deux affluents. D’en haut, l’on dirait des veines aux couleurs improbables, celles que l’on retrouve dans ces pierres précieuses de l’Asie où les Chinois taillent des dragons et des génies. Et là où tout se rassemble, les gorges et les eaux, à l’endroit le plus bas c’est Laichau (…). Ce n’est pas une descente aux enfers. Car ce que je trouve au fond de ce trou, de ce gouffre effroyable, c’est ce que la nature a de plus délicat, la civilisation de plus aimable. C’est comme si toutes les forces de la jungle et de la montagne avaient servi d’écrin à l’antique douceur de vivre, la protégeant et la cachant (…). Et pourtant, le fond de cet abîme, c’est un rêve de grâce et de volupté. Partout des prairies de velours, d’énormes roues de bois entraînées par l’eau, des villages blottis dans l’éternité. Et quel parterre de fleurs ! ». (La guerre d’Indochine, Lucien Bodard, éd. Grasset).

 

La région connue comme Indochine a été colonisée par les Français durant la dernière moitié du 19e siècle : Cambodge en 1863, Sud-Vietnam (que les Français appelaient Cochinchine) en 1867, Central et Nord-Vietnam (appelés respectivement Annam et Tonkin) en 1884, Pays Thaï (appelé Sip Song Chau Thai) en 1889 et Laos en 1893.

 

Les Sip Song Chau Thaï, qui signifient les « Douze principautés Thaïes » ont été colonisées et annexées au Tonkin en 1889.

 

En 1948, la région a été réorganisée en Sip Hok Chau Thaï (Seize principautés Thaïes) et a été référencée par les Français comme « Fédération Thaïe ». Sous ce terme, elle a été déclarée pays indépendant par les Thaïs et les Français et a été reconnue comme telle jusqu’en 1954 quand elle a été absorbée par le Vietnam après la défaite des Français à Dien Bien Phu.

 

Les Vietnamiens, en 1955, ont renommé la région la « zone autonome Thaï-Meo » du Vietnam, puis encore en 1962, la « zone autonome du Nord-Ouest ».

 

Enfin, en 1975, la région a perdu son identité et est simplement devenu le Vietnam du Nord-Ouest, qui inclus aujourd’hui les provinces de Son La, Lai Chau, Lao Cai et Yen Bai

 

(source : The Great Tale - The Odyssey of the Warlords (Kwaam to Nhay and Kwaam Tay pu serk), 260 page history of the Tai Dam, Tai Studies Center de Des Moines, IOWA). http://www.seasite.niu.edu/tai/TaiDam/introduction.htm Les Sip Song Chau Thaï en 1893

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