ĐÈO VĂN LONG

Et autres Seigneurs de Laichau

ĐÈO VĂN TRI

juin28

ĐÈO VĂN TRI

En laotien CAM OUN ou KHAM OUN


 

(1849 - 1908, LAICHAU)

 

« Le premier soin de Đèo Văn Long est de me conduire devant le portrait, peint sur soie, d’un mandarin chinois très vieux, en tenue d’apparat. Il s’agit de son père, le légendaire Đèo Văn Try, le chef des Pavillons Noirs, ces bandits chinois terrifiants, dont on parlait dans les livres d’histoire de notre enfance »[1].

 

Đèo Văn Tri en tenue de Mandarin

 Đèo Văn Tri en tenue de Mandarin

 

Selon certains auteurs, dont Lucien Bodard, l’identité de Đèo Văn Tri procède de l’usurpation. Ce fils de pirate serait devenu le roi de Laichau par un crime atroce. Il aurait disposé du souverain légitime, du nom de Đèo dont il aurait fait serrer« le cou avec des cordes jusqu’à ce que le crâne éclatât ». Enfin, il se serait emparé de son nom et de sa vie en épousant sa fille.

  

La confrontation avec d’autres sources, dont les déclarations de Đèo Văn Tri lui-même, contredit pareille thèse. Ce « fait » est en tout cas ignoré par Auguste Pavie qui fut l’un de ses contemporains.

  

Entre 1962 et 1964, en paiement de l’aide du roi du Luang Prabang, Chann (ou Tiantha-Koumane, règne : 1851-1869), que celui-ci a apportée dans la réconciliation des cantons de Theng et de Lai, dont Đèo Văn Sinh était le chef, Đèo Văn Tri est donné en otage.

 

 

Âgé de seize ans, Đèo Văn Tri rejoint son père,Đèo Văn Sinh, pour repousser une invasion Shan et, ensemble, avec les Pavillons Noirs, il défend le royaume de l’Annam de la dynastie Nguyen.

  

En 1884, avec le Tonkin en guerre contre la France, Đèo Văn Tri sert de nouveau loyalement les Vietnamiens.

  

En récompense pour sa bravoure, la cour vietnamienne donne le titre de Chef à Đèo Văn Tri et le titre de Mandarin à son père. Quand les bandes de pirates rivales menacent la principauté de Muong Then appartenant à son père, Đèo Văn Tri les force à se retrancher dans la province chinoise du Yunnan.

  

En 1885, lors de la guerre Franco-chinoise, dix milles Pavillons Noirs assiègent les légionnaires français, parmi lesquels le sergent Bobillot, à Tuyen Quang. Đèo Văn Tri intervient avec Ong-Ba sous les ordres de Luu Vinh Phuoc. A l’issue de cette bataille, et après une attaque de « la colonne Pernot », il se retranche dans son fief de la Rivière Noire.

  

Puis, il offre un refuge au jeune roi rebelle en fuite du royaume de l’Annam, Ham Nghi, et son régent, le « sinistre » Ton That Thuyêt[2], qu’il couvre jusqu’en Chine. En effet, ce régent annamite s’en prend à Đèo Văn Tri afin de garantir le secret de leur cachette et incendie Laichau.

  

Dans le même temps, Ton That Thuyêt donne l’assurance au siamois Vaïvoronat (futur général Phya Surisak ou Sourisak) que la région de Laichau dépend du Siam et non de l’Annam alors que les Siamois veulent annexer la zone dans leur lutte contre les Hôs. A cette occasion, les hommes de Vaïvoronat enlèvent les principaux chefs de la région et les frères de Đèo Văn Tri durant son absence alors que ceux-ci venaient à sa rencontre pour l’accueillir.

  

En réaction, au mois de juin 1887, Đèo Văn Tri met à sac Luang Prabang, la cité aux mille pagodes, avec 600 de ses « pavillons noirs » dont il a pris le commandement après la fuite de Luu Vinh Phuoc et la mort de Ong-Ba, dans l’espoir vain de retrouver sa famille.

  

C’est Auguste Pavie, Vice-consul français, qui permet le retrait des siamois et, surtout la restitution, par la négociation, des otages qu’il ramène lui-même à Đèo Văn Tri, à l’exception de deux qu’il reste à libérer : Cam Sam et Cam La.

  

C’est donc en signe de gratitude, las des guerres et séduit par Auguste Pavie que Đèo Văn Tri, en 1888, change radicalement de politique en cessant de soutenir la résistance vietnamienne : « Nous seront fidèles aux français comme nous l’avons été au roi d’Annam. Celui qui perd la mémoire des bienfaits devient malheureux. Nos os se transformeront en poussière mais ce qui ne périra jamais c’est le souvenir de cette visite que vous faîtes à notre père Cam Seng dans sa demeure.[3]

  

Egalement encouragé par sa famille, Đèo Văn Tri prête allégeance au régime colonial français avec pour autre objectif l’indépendance de son peuple. En effet, en retour, la France reconnait la suzeraineté des Đèo dans la région de Laichau.

  

Il accompagne Auguste Pavie pendant plusieurs journées dans une mission en Chine, et permet aux membres de sa famille de voyager avec lui vers Paris, où ils peuvent s’inscrire dans les écoles, dans lesquelles, plus tard,  son fils Đèo Văn Long fera ses classes avec Raoul Salan.

  

Continuant sa politique de coopération, Đèo Văn Tri assiste aux opérations de délimitation de la frontière indochinoise avec la Chine en 1894.

  

Il s’éteint en 1908.

  

Monsieur Gérard Gilles Epain lui rend ce bel hommage : « les douze cantons Thaïs retrouveront la paix et le calme, quand Deo Van Tri succède à son vieux père Deo Van Seng [Cam Sinh], à la tête de la congrégation thaï. Les Thaïs blancs resteront toujours fidèles à la France jusqu’à ce qu’on les abandonne aux communistes en juin 1954 ». [4]

 

 

Sépulture de Đèo Văn Tri

Sépulture de Đèo Văn Tri

 

 

ĐÈO VĂN TRI  a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1891.
 
 

[1] La guerre d’Indochine, Lucien Bodard, éd. Grasset

[2] « Thuyet, brutal, toujours prêt à tuer » : http://belleindochine.free.fr/HamNghi.htm

Indo-Chine, une histoire coloniale oubliée, Gérard Gilles Epain, éd. L’Harmattan.

[3] A la conquête des cœurs : le pays des millions d’éléphants, Auguste Pavie, Presses Universitaires de France

[4] Indo-Chine, une histoire coloniale oubliée, Gérard Gilles Epain, éd. L’Harmattan.

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3 Comments to

“ĐÈO VĂN TRI”

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