ĐÈO VĂN LONG

Et autres Seigneurs de Laichau

ĐÈO VĂN LONG

juin28

 

ĐÈO VĂN LONG

 
 
(1887, LAICHAU - 1975, TOULOUSE)
 
Đèo Văn Long en tenue d'Officier
 Đèo Văn Long en tenue d’Officier
 
 
 
Petit-fils de Đèo Văn Sinh - ou Cam Sinh - et fils de Hoang Thi Chuong et Đèo Văn Tri, dont il est le troisième fils. A sa mort, et à celle du fils aîné de Đèo Văn Tri, Đèo Văn Khang, il en devient le successeur : « Après sa mort [...], Tri a été succédé par son plus vieux fils, Đèo Văn Khang et plus tard par le plus célèbre membre de la famille Deo, son troisième fils Đèo Văn Long »[1]
 
 
 
Si la politique française au Tonkin, de 1910 à 1940 a encouragé la centralisation et l’annamitisation des pouvoirs au détriment de l’idée de l’unité Thaï, Đèo Văn long  peut, à partir de mars 1945, reprendre l’idéal de son père et rétablir la « fédération Thaï » autour de la province de Laichau, par le statut provisoire Franco-Thaï du 1er mars 1948.
 
 
Ainsi, la région des Sip Song Chau Thaï (les « Douze principautés Thaïes » qui ont été colonisées et annexées au Tonkin en 1889) est réorganisée en Sip Hok Chau Thaï (les « Seize principautés Thaïes ») et est référencée par les Français comme « Fédération Thaïe ».
 
 
 
Plus précisément, de façon administrative et concomitamment à l’indépendance de la République démocratique du Vietnam autoproclamée par le Viêt Minh le 2 septembre 1945, un accord provisoire franco-thaï est promulgué en 1948 et crée « une Fédération Thaï indépendante au sein de l’Union française ». Il sera entériné par le Statut de la Fédération Thaï N° 001/CT/0 du 15 juillet 1948.
 
 
 
Đèo Văn long  en est le dirigeant jusqu’en 1954.
 
 
 
Cette Fédération groupe les trois provinces de Laï Chau, Phong Tho, et Son La. Đèo Văn long  - dont le titre est et demeure Son Excellence - devient le président de cette Fédération ou Chiao P’en Din Thaï (dit aussi Chiao Pen Kan : maître vénéré). Les minorités Meo, Yao et autres sont également définies par leur adhésion de fait « à ladite Fédération ».[2]
 
 
 
Aux termes de cette Fédération, la France consacre un système féodal. Sous la présidence de Đèo Văn long , « les trois principales familles de la région, les Deo de Laichau et de Phong To, Thaïs blancs, et les Bac de Song La, Thaïs noirs, se répartirent les pouvoirs ». Mais cette création a pour mérite de limiter au moins pour un temps les divisions traditionnelles entre familles dans la région.
 

 

Toutefois,   l’ingérence constitutionnelle consécutive des Conseillers français (dont Alexandre Ter Sarkissoff a fait parti) n’est guère appréciée par Đèo Văn long.

 

 
De même, lorsque ce Pays, considéré comme autonome au sein de l’union française est incorporé de façon purement formelle, en 1950  à la Couronne de Bao Dai, c’est au déplaisir de Đèo Văn long (l’ordonnance impériale N° 6 du 15 avril 1950 signée par Bao Dai rattache la Fédération Thaï aux territoires des Pays Montagnards du Nord de l’Etat du Viêt-Nam. Or ces territoires qui relèvent traditionnellement du Domaine de la Couronne d’ Annam, sont placés sous son autorité directe) [3].
 
 
 
Đèo Văn long  ne souhaite avoir de relation qu’avec l’armée avec laquelle il partage les valeurs que celles, civiles, des bureaucrates.
 
 
 
En raison des ses relations étroites avec la politique française, il est contraint de quitter sa province en hélicoptère lors de la guerre d’Indochine. Durant la bataille de Dien Bien Phu, il demeure à Hanoï. La même année, il émigre en France où il décède en 1975.
 
 
 
La personnalité de Đèo Văn long  a été diversement appréciée de ses contemporains. La crainte qu’il a pu exercer sur ses rivaux est cependant unanimement avérée. Ses origines puisant leurs sources chez les seigneurs de la rivière noire, ont amené certains auteurs à y voir un atavisme familial. Lucien Bodard ne manque d’ailleurs pas de sévérité : « Le terrible Đèo Văn long  », « despote aux méthodes sanguinaires », « Đèo Văn long  fait régner l’ordre absolu », « on lui amène les oreilles des condamnés dans un panier, comme preuve de leur mise à mort », ou encore : « il est tout puissant, mais haï ».
 
 
 
En vérité, cette condamnation sans appel, empreinte d’exotisme, est celle d’un romancier réputé pour être un fin connaisseur de cette région du globe et qui, peut-être avec délectation, cède au raccourci pratique de la féodalité et de la férocité. 
 
 
 
Le lecteur Français découvre  alors un système politique et des mœurs qu’il n’avait connus jusqu’alors que dans le passé et les livres de sa propre civilisation.
 
 
 
Ailleurs, on peut lire : « Le roi Đèo Văn Long est rappelé avec détestation par les plus anciens habitants de la région de Laichau, pour tous, il était un tyran qui exerce l’autorité absolue, frappant les cœurs de la population locale de la peur et ayant à l’occasion convoqué les pêcheurs à son bureau Đợi Cao et les avoir exécutés sur place »[4].
 
 
 
Elle fait suite aux critiques qui ont été formulées à Đèo Văn long  de s’affranchir de règles juridiques auxquelles il se sentait étranger en raison de ses coutumes et traditions.
 
 
 
Il faut enfin ajouter que Đèo Văn long  a été un leader Thaï qui a eu la mainmise dans la région du commerce de l’opium, facilité en cela par le colonisateur.
 
 
 
Sur le site de l\’INA
 
 
 
ĐÈO VĂN LONG  a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en juillet 1948, et promu Officier le 3 décembre 1952
 
 

[1] http://www.culturalprofiles.net/Visiting%5FArts/Directories/Overview/-48.html
[2] Les H’mong de la péninsule indochinoise : migrations et histoire, Jean Michaud, Christian Culas, éd. Autrepart
[3] La France d’outre-mer (1930-1960), Jean Clauzel, Pierre Messmer, éd. Karthala.
[4] http://www.culturalprofiles.net/Visiting%5FArts/Directories/Overview/-48.html
Autre source utile à la rédaction de cet article : http://taivillage.org/history/history.html
 
 

 

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